L’Espérance de Villars a été créée « pour préparer de vaillants soldats ».
On trouve les premières traces de l’évocation de l’Espérance de Villars en 1913 sous l’égide du comité paroissial. Cette nouvelle société va rapidement se structurer sous un statut associatif (loi de 1091), avec une publication au Journal Officiel le 28 janvier 1914 précisant pour objet « gymnastique, sports et tir ». Mais on sait que dès 1914 une société de tambours et clairons est aussi créée. Ses statuts seront ensuite déposés en Préfecture de la Loire en avril 1914. Elle est alors affiliée à la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France (FGSPF).
À l’époque, il s’agissait pour la Paroisse de proposer à la jeunesse locale la pratique de la gymnastique, de l’exercice au tir, du chant au sein d’une chorale et de la musique au sein d’une société de tambours et clairons.
Il convient de replacer cette création dans le contexte de l’époque. À l’échelle locale tout d’abord avec une indéniable forme de concurrence de classe avec les cléricaux d’un côté et les laïcs de l’autre. Car il existe déjà une société de tambours et clairons et une de gymnastique au sein de l’Amicale laïque de Villars. La Paroisse aura donc la sienne pour ses ouailles. Et puis à l’échelle nationale ensuite. On se doute qu’un conflit avec l’Allemagne est devenu imminent et préparer la jeunesse du pays à la revanche et la reconquête des provinces perdues est un devoir national.
Les premiers statuts de l’Espérance affirment clairement cette volonté : « Elle a pour but de grouper la jeunesse, de développer les forces physiques et morales des jeunes gens, de préparer au pays des hommes robustes et dévoués, de vaillants soldats et de créer entre tous ses membres une union intime et toute fraternelle ».
La section tambours et clairons de l’Espérance en 1914.
Jacques THIVILLIER (de la classe 1918, musicien et gymnaste à l’Espérance) ou encore Jo NEYRET (de la classe 1909, moniteur de gymnastique à l’Espérance) seront tués lors des sanglants combats de 14-18.
Le siège de l’association est alors situé à l’Arsenal et son premier président se nomme Pierre (dit Pétrus) GABION, passementier rue du Breuil secondé par Mathieu ODOUARD, marchand de vin rue du Breuil avec Jean BRUYÈRE (contrôleur aux mines) comme secrétaire et pour trésorier Joannès LACHAT horticulteur et régisseur du domaine de Bourgeat. Quant au curé de l’époque, Joseph MARCEL, il fait fonction de directeur.
Pierre GABION est un Villardaire bien connu est apprécié. Tout ce qui touche à la musique sur la commune, se fait sous sa baguette. Après-guerre il dirigera d’ailleurs l’harmonie des mineurs de Villars.
Après la Grande-Guerre, les statuts de l’Espérance de Villars allaient évoluer. Le directeur (qui était de fait le curé de la paroisse) était désigné à vie et désignait lui-même son successeur ! Il veillait à la bonne moralité tant des adhérents que des activités proposées.
En 1923 on y pratiquait la gymnastique, le tir à la carabine et le sport en général (le basket dès 1926 puis le football). Nouveau changement des statuts en 1930, l’Espérance devenant une association d’éducation populaire. Elle se dotait d’une salle de conférence et de spectacle, d’un cercle paroissial très actif et d’une salle des jeunes. Dans ces locaux on trouvait une bibliothèque, un billard, on pouvait y jouer au ping-pong ou à la belote et un groupe artistique se produisait régulièrement sur scène.
L’Espérance de Villars vers 1930.
Nouvelle évolution en 1941 pendant l’occupation. Conformément aux directives du gouvernement de Vichy, l’Espérance entendait « préparer pour le pays des éléments robustes » et elle devait également créer une section féminine « pour l’enseignement ménager et de puériculture des jeunes filles ». Après-guerre, les colonies de vacances, les séances de cinéma complèteront les activités proposées. On perd ensuite la trace de l’Espérance de Villars à la fin des années 60 après un demi-siècle d’animations multiples.
- Les présidents (identifiés) de l’Espérance :
– en 1913 Pierre (Pétrus) GABION passementier rue du Breuil
– en 1922 Joannès LACHAT jardinier à Bourgeat
– en 1925 Mathieu ODOUARD, marchand de vins, rue du Breuil
– en 1930 Maurice MOULIN machiniste aux Mines, demeurant rue de Curnieu
– en 1934 Jean CHAPELLE, rue des écoles
– en 1941 Antoine JUST, industriel, rue Louis Soulier
– en 1942 Etienne GAY, négociant, rue de la République
– en 1948 Mathieu BASTIDE
– en 1950 Antoine PARET, industriel
– en 1955 Jean Marie OLIVIER, chef d’atelier
– en 1956 Jean PSOMAS, ajusteur, le vieux Château
– en 1961 Jean PSOMAS, métrologue, le vieux Château.
- Les directeurs (identifiés) de l’Espérance :
– en 1913 Joseph MARCEL (vicaire)
– en 1922 Jean QUAGLIA (vicaire)
– en 1930 André DUSSAUZE (curé)
– en 1933 Paul PINTON (curé)
– en 1941 Michel DAVID curé
– en 1955 H. Moulin (curé)
– en 1961 F. PAIN (curé).
Sources : archives départementales.
Crédit photos : musée Jean Marie Somet et dons de particuliers.
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