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Roland Garros

Roland Garros à Villars

Quand Roland Garros survolait Villars devant une foule enthousiaste.

Si le nom de Roland Garros est passé à la postérité grâce aux internationaux de France de tennis, ce que l’on sait peut-être moins, c’est qui il était réellement et surtout qu’il a fait un passage remarqué à Saint-Priest-en-Jarez et Villars durant l’été 1911.

Ce sportif accompli, né le 6 octobre 1888 à Saint-Denis de la Réunion d’un père avocat, s’est très tôt intéressé à la mécanique et au sport automobile. Durant l’été 1909, il eut une véritable révélation lors de la grande semaine de l’aviation de la Champagne. Il décrocha son brevet de pilote en juillet 1910. Dès lors il enchaîna les meetings et les fêtes de l’aviation particulièrement en vogue à cette époque. Il effectua même une tournée d’exhibitions aériennes à travers les États-Unis et le Mexique.

De retour en France en mai 1911, Garros participa aux trois grandes épreuves de l’année : la course d’aviation Paris-Madrid, le Paris-Rome et le Circuit Européen.
Début août 1911, à même pas 23 ans, on le retrouve avec huit autres pilotes en tête d’affiche de la quinzaine de l’aviation programmée à Champirol, grand terrain plat situé aux confins des communes de Saint-Priest et Villars, sensiblement sur l’emplacement actuel de l’hôpital Nord.

Trois jours durant, sur la décade que dura le meeting (du 29 juillet au 7 août 1911), Garros ravit le public en traçant de gracieuses arabesques et d’audacieuses voltiges dans le ciel sur son monoplan Blériot.

« Garros décrit des huits impressionnants sur la piste même. Il s’élève à 100 mètres puis fond sur la foule comme un oiseau de proie. Il vire à toute allure et le gauchissement des ailes est si brusque qu’elles sont par moment verticales et la foule terrifiée suit avec angoisse ces évolutions. Mais bientôt la maîtrise de l’aviateur la rassure. Garros est un virtuose. On peut même ajouter qu’il est le seul aviateur à oser tenter cette périlleuse voltige aérienne. Quand Garros atterrit c’est du délire ! On l’acclame, on l’applaudit, on crie ! »

s’enthousiasmait la presse de l’époque.

1 franc pour visiter les appareils, de 1 à 5 francs pour les voir voler, la foule s’est pressée à Champirol, site fort bien desservi par le tramway et pris d’assaut par les taxis. « 100 000 personnes ont acclamé Loridan, Obre et Mouthier. Garros émerveille 30 000 personnes ; 150 000 personnes pour une journée inoubliable des hommes de l’air » titrait au fil des jours une presse dithyrambique.

De quoi voler la vedette aux toutes proches courses hippiques disputées en même temps à l’hippodrome de Villars avec à l’affiche le Grand prix d’Amérique ! Les proches collines de Villars et de Saint-Priest se couvraient de monde à chaque fin de journée pour suivre, même de loin, ces incroyables acrobaties. Les pilotes survolaient Villars, tournaient vers la Chana et remontaient la Grand’rue, une prime étant offerte au premier qui a survolé l’hôtel-de-ville stéphanois.

Dans la foulée Garros devait participer au meeting de Bouthéon qui là encore connu un gros succès populaire.
Il additionna ensuite les records et les courses et effectua notamment la première traversée de la Méditerranée le 23 septembre 1913. Ce qui lui valut la légion d’honneur à l’âge de 25 ans.
Pilote engagé volontaire en 1914, il participa à de nombreuses missions. On lui doit notamment la mise au point du tout premier chasseur monoplace de l’histoire, armé d’une mitrailleuse tirant dans l’axe de l’avion à travers le champ de rotation de l’hélice. Contraint à se poser derrière les lignes ennemies, il fut fait prisonnier le 17 avril 1915, mais parvint à s’évader le 17 février 1918. Il réintégra la légendaire escadrille des Cigognes aux cotés de Guynemer. Abattu en vol, il est mort pour la France le 5 octobre 1918, la veille de ses 30 ans, au dessus des Ardennes, un mois avant la fin de la Grande Guerre.

Adhérent du Stade français (à Paris) en 1906, son nom a été donné dès 1927 au complexe sportif parisien qui accueille aujourd’hui les internationaux de tennis.

Sources : archives départementales, La Tribune Républicaine, fonds J. Merlat.
©H&P-Pierre THIOLIÈRE

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