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Accident de train, 2 morts au Bois-Monzil

23 Février 1944 : deux hommes happés par un train entre le Bois-Monzil et Michard.

L’oncle et le neveu étaient réquisitionnés pour contrôler la voie ferrée trop souvent sabotée. Pensant éviter un train de marchandise, ils traversent la voie au moment où un train de voyageurs arrivait dans l’autre sens.

C’était durant les années sombres de la guerre. Le 23 février 1944 à la nuit tombante, deux hommes cheminant le long de la voie ferrée entre le pont du Bois-Monzil et le tunnel de Michard sont happés par un train de voyageurs. Tous deux meurent sur le coup.
Un témoin de la scène appelle alors à l’aide le garde barrière du passage à niveau situé en bas de la rue du Bois-Monzil-le-Haut (et qui à l’époque traversait la voie ferrée). Mais ils ne peuvent que constater le décès des deux victimes violemment projetées sur le ballast.

Mais que faisaient-ils là à cette heure ? C’est l’évocation de ce fait divers dans « la Loire Républicaine » qui apporte quelques éléments de réponse. Les deux hommes étaient requis comme gardes-voies. Une obligation imposée par l’occupation allemande et par la Préfecture alors aux ordres de Vichy. Chaque commune traversée par la voie ferrée devait organiser un tour de rôle de surveillance avec des patrouilles pour en vérifier le bon état. Des ordres de réquisition étaient ainsi envoyés aux hommes déclarés aptes à effectuer ces patrouilles, de jour comme de nuit.

Car la Résistance se montre de plus en plus active et les sabotages sont fréquents sur ce secteur. Trois jours plus tôt, le 20 février, les gardes-voies sont ainsi tombés nez à nez sur des FTP qui ont laissé sur place revolvers et pain de plastic. Par la suite, de mai à juillet, six sabotages de la voie seront constatés dans ce même secteur. Le 26 mai 1944 deux requis Villardaires vont même désamorcer une charge de plastic juste avant le passage d’un train de voyageurs.

Les conditions de l’accident sont aussi évoquées dans l’article de presse : « Les deux hommes voyant venir un train de marchandises, se réfugièrent sur la voie montante, au moment même où débouchait le train de voyageurs quittant Saint-Étienne à 18h35. Happés tous les deux par la locomotive, ils furent projetés sans vie sur le ballast ».
Détail navrant les deux victimes étaient l’oncle et le neveu, d’une famille très connue dans la région : les David-Sauzéa. Ils habitaient tous les deux à Saint-Priest-en-Jarez. L’oncle René âgé de 46 ans, artiste peintre revenu d’Espagne, y exerçait le métier de fabricant de ruban, son neveu Jean, étudiant, allait avoir 19 ans. La guerre a brisé leur destinée.

Sources : état civil de Villars, journal « la Loire républicaine » du 26 février 1944.
©H&P-Pierre THIOLIÈRE

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