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Déraillement de train

Un train déraille en gare de Villars : deux morts et trois blessés.

Les accidents ont hélas été assez nombreux au début du siècle dernier le long de la voie de chemin de fer que ce soit chutes, suicides ou piétons happés par le train. Le 26 mai 1917 se produisit en gare de Villars un terrible accident de chemin de fer qui fit deux morts et trois blessés. Le train express pour Paris, bondé de militaires permissionnaires, avait quitté Chateaucreux à 22 h 39. Dès le pont du boulevard Jules Janin il roulait à 60 km/h et traversait la gare de la Terrasse à la même allure. Son prochain arrêt n’était prévu qu’à Montrond. La déclivité de la voie à partir du pont de Michard accentuait sa vitesse qui atteignait 80 km/h en gare de Villars.

Mais c’est dans un fracas assourdissant de ferraille que le train fut ce soir là stoppé dans sa course. Le choc violent jeta les passagers les uns contre les autres. On entendait des cris, des appels au secours et des plaintes. Au loin, on apercevait déjà les falots balancés par les employés de la gare qui accouraient vers le train. Les premiers voyageurs sautaient à terre. Il y eu un instant de panique car des flammes s’élevaient des débris informes sur lesquels s’était empalée la locomotive. « Le train va flamber » cria une personne. Mais tout le monde fut vite rassuré, aucun danger de ce genre n’était à craindre.

Mais que s’était-il donc passé ? D’après les témoignages et les renseignements relevés sur les lieux, l’express venait de heurter une rame composée de trois wagons et d’une locomotive qui sortait tout juste d’une voie de garage, non loin de l’embranchement des mines de la Loire et qui s’apprêtait à partir en direction de Roanne. Le choc fut terrible, la locomotive monta sur les wagons de marchandises qu’elle écrasa complètement. Heureusement le mécanicien Massard, au moment du heurt inévitable, avait eu la présence d’esprit de renverser la vapeur et de bloquer les freins.

Les secours s’organisèrent rapidement. La gare de Chateaucreux était prévenue par télégraphe tandis que la permanence du service de sécurité de Saint-Étienne était avertie et que le bureau central de la police informait la préfecture. Bientôt on vit arriver les ambulances ainsi que plusieurs médecins et chirurgiens. Le préfet Lallemand, le colonel Dutreuil, le médecin chef Fournial et le commissaire central Renaudin furent aussi sur les lieux du drame.
Pendant ce temps, en gare de Villars, on déblayait les décombres à la lueur des lanternes et on retirait bientôt deux cadavres. C’était ceux de Girard le conducteur chef et de Peyroche le conducteur de queue du train tamponné qui furent transportés dans la salle d’attente de la gare.

Peyroche a été victime de son dévouement puisque c’est en s’élançant sur la voie pour faire des signaux au mécaniciens de l’express qu’il a été heurté par la locomotive. Trois blessés, Adrien Martin (36 ans, wagonnier serre frein, très grièvement atteint, détail navrant il venait de passer 32 mois au front et avait pris part à plusieurs attaques sans être blessé), Henri Mazoyer (mécanicien du train tamponné, blessé aux jambes) et François Bouland (chauffeur du train tamponné) furent évacués au pavillon d’urgence de Saint Etienne. M. Maise, conducteur de l’express, fut quant à lui blessé aux mains. Par contre d’après les journaux de l’époque « les voyageurs du train express n’ont pas eu de mal ».

 

Ultime anecdote : pour faire passer leur frayeur, les soldats permissionnaires burent les nombreuses bouteilles qu’ils ramenaient avec eux et qui avaient échappé à la casse. D’autant qu’un des wagons détruit contenait des caisses de champagne et des fûts d’alcool. Le lendemain, la route de l’Hippodrome à Michard était couverte de bouteilles cassées.
L’enquête sur les causes de l’accident, soldée en septembre 1918, reconnut comme auteurs responsables deux employés des gares de la Terrasse et de Villars qui n’avaient pas fait fonctionner le block-système comme l’ordonnait leur règlement. Chacun des accusés a été condamné à six mois de prison avec sursis.

Sources : archives départementales, presse ancienne, état civil, musée Jean Marie Somet.
©H&P-Pierre THIOLIÈRE

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