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Explosion de la poudrière des mines

Le 25 décembre 1918.

Premier Noël après l’Armistice, alors que les Poilus permissionnaires étaient enfin revenus dans leurs foyers, se produisit un accident très spectaculaire. Vers 21 heures une violente explosion secoua le centre de Villars. La poudrière des mines, située au lieu-dit « les Marronniers », venait de sauter, détruisant vitres, galandages et plafonds sur un large rayon.

Jean-Marie Somet, le fondateur du musée de la mine, a notamment évoqué cette journée dans les écrits qu’il a laissés : « Dans le centre ville, dans le cinéma où se déroulait une séance, comme dans les cafés où l’on dansait, ce fut une grande colère. Car tous ces gens croyaient avoir été victimes d’un attentat à la bombe. Ils sortirent tous alors, armés pour certains de queues de billard alors que d’autres avaient décroché leurs fusils. C’est seulement un quart d’heure plus tard qu’on apprendra la vérité sur cette explosion. Certains n’ont pas manqué de s’interroger sur le fait que l’ingénieur divisionnaire des mines de Villars ait autorisé la construction d’une poudrière à proximité des chaudières des écoles et du centre ville. Heureusement ce jour là la poudrière contenait peu de poudre. Il n’y eut que des blessés par des éclats de vitres et ce fut le début du travail pour le père Laurent qui était le vitrier de l’époque ! »
C’est en consultant les délibérations du conseil municipal de l’époque qu’on a pu mesurer les conséquences de cette terrible explosion qui heureusement ne fit pas de victimes mais qui, par contre, causa d’importants dégâts matériels.

Expertises et contre expertises.

Après les premières réparations d’urgence, décrites par les élus de l’époque comme « un emplâtre posé sur une jambe de bois », suivirent expertises et contre expertises qui opposèrent la Municipalité alors conduite par Jean Domet à la Compagnie des mines, responsable de l’accident.
Selon les élus locaux, la liste des dégâts était longue : galandages soufflés dans des appartements de fonction, dégâts à la mairie, dans les écoles mais aussi à l’église avec lézardes et vitraux cassés. Un état des lieux que ne partageaient pas les Mines. En juin 1919, un devis établi par la Mairie faisait état de plus de 6 000 francs de réparation.

La Compagnie délégua alors deux de ses employés et proposa seulement 1 000 francs. Le maire n’hésita pas d’ester en justice. En janvier 1920, le litige n’était toujours par réglé et deux nouveaux experts furent désignés. Il fallut transiger, notamment en ce qui concerne l’église. En effet le mauvais état du bâtiment était dû, selon le rapport de l’époque, par « l’exploitation souterraine des mines ». Le renforcement des piliers alors décidé (en 1922) permit à l’édifice de tenir jusqu’en 2004 date de sa fermeture pour une réhabilitation complète.

Ce qu'en dit la presse locale.

VILLARS 25 DÉCEMBRE : Une violente explosion mettait ce soir à 7h50 Villars en émoi. C’était le dépôt des poudres appartenant à la Compagnie des Mines de la Loire et servant aux Mines de Villars qui venait de sauter.
Ce dépôt situé dans un petit bâtiment au-dessus du puits de la Fendue, en plein centre en quelque sort de Villars, contenait les divers explosifs employés pour l’exploitation : dynamite, cheddite, détonateurs, etc.
La déflagration, si elle ne fit pas de victimes fort heureusement, causa néanmoins de graves dégâts.
Sur un rayon de 1800 mètres autour du puits, il ne reste plus une vitre, un carreau et dans plusieurs immeubles les cloisons et les plafonds ont cédé. À la mairie notamment et aux écoles, des galandages ont été démolis et des plafonds se sont effondrés. C’est un miracle qu’il n’y eut pas d’accident mortel. Les veilleurs de nuit de garde à la fendue qu’on croyait tués par l’explosion, ont été retrouvés sains et saufs. Deux d’entre eux portaient toutefois quelques blessures superficielles.

Détail curieux : une automobile qui se trouvait sur la route de Saint-Étienne longeant la voie ferrée, a dérapé par suite du déplacement d’air et est demeurée quelques instants embourbée dans un fossé.
À 9 heures du soir on ne signalait pas d’autres accidents sérieux. Les dégâts matériels sont importants.

L’EXPLOSION DE VILLARS : Comme nous l’avons dit hier, les dégâts matériels sont considérables. Dans plusieurs immeubles les cloisons et les plafonds ont cédé. Toutes les constructions légères qui abritent les machines se sont, sous la violence de l’explosion, effondrées. Le bâtiment des chaudières est en ruines, ainsi que celui du compresseur. Les machines sont pourtant intactes.
Dans son bureau, le garde de nuit Neuville fut projeté à trois mètres de là.
Les platanes qui bordent la route ont été déracinés. Les jardins ouvriers qui entourent la concession des Mines de la Loire à Villars sont ravagés. Partout c’est un amas considérable de vitres brisées, de poutres de fer tordues, de pièces de bois en miettes, de plâtre pulvérisé et de pierres descellées.
Une heure à peine s’était écoulée depuis l’explosion que les équipes d’ouvriers étaient constituées pour procéder aux travaux de déblaiement. Un grand nombre d’ouvriers étaient venus spontanément se mettre à la disposition de l’ingénieur divisionnaire qui dirigeait les travaux.
Deux femmes ont été blessées par les débris du plafond de leur domicile qui, sous la violence de l’explosion, s’était effondré. Ce sont les dames Tomin, mère et fille, demeurant à l’Arsenal. On ne connaît pas d’autres blessés à l’heure actuelle.
L’enquête n’a pas encore établi les causes de l’explosion. On peut se rendre compte de l’émoi qui s’empara des habitants de Villars quand ils virent les vitres de leur logement voler en éclat et les rayonnages garnis de vaisselle ou autres objets s’abattre sous la formidable secousse de l’explosion. Beaucoup s’enfuirent précipitamment mais ne tardèrent pas à être rassurés quand ils purent se rendre compte de ce qui s’était passé. Ils revinrent à leur logis mais durent combler les vides laissés par les vitres brisées à l’aide de couvertures ou morceaux d’étoffe.

Sources : presse ancienne (Le Stéphanois – La Tribune Républicaine – Archives départementales de la Loire), témoignage JM Somet, photos musée Jean Marie Somet et collection privée, droits réservés.
©H&P-Pierre THIOLIÈRE

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