Un train prend feu en gare de Villars, 8 morts, 20 blessés
Il était près de 19 heures ce vendredi 18 juin 1948. Le train en provenance de Roanne venait juste de redémarrer alors que dans l’autre sens, celui qui avait quitté Saint-Étienne Chateaucreux à 18 h 45 entrait en gare de Villars lorsqu’une explosion se produisit. Les employés de la gare aperçurent alors des flammes qui s’échappaient des wagons.
Le feu venait de prendre dans le deuxième compartiment et se propagea aussitôt dans les deux voisins. En quelques secondes, toute une partie du wagon se trouva embrasée. Pris de panique, de nombreux voyageurs tentèrent de s’éloigner du danger. Plusieurs d’entre eux se blessèrent en voulant sauter sur la voie.
Les premiers secours s’organisèrent rapidement tandis que les pompiers de Saint-Étienne étaient alertés. Ils se transportèrent immédiatement sur les lieux de l’accident et dès leur arrivée, s’employèrent à maîtriser le sinistre qui menaçait de s’étendre. Après quelques minutes d’efforts, le feu était finalement éteint.
On retira du compartiment où avait eu lieu l’explosion trois cadavres dont celui d’une femme dans un état tel qu’il a été impossible de les identifier sur place. Ils furent transportés dans un bureau de la gare.
Dans le même compartiment et dans les deux autres qui lui étaient contigus, une quinzaine de voyageurs avaient été brûlés, dont deux très grièvement. Tous furent transportés par des voitures ambulances à l’hôpital de Bellevue et dans plusieurs cliniques de Saint-Étienne.
Trois nouveaux morts des suites de leurs brûlures allaient dans les heures suivantes porter le nombre de décès à six. Une liste qui allait s’allonger les jours suivant avec au final 8 morts et 20 blessés.
De l’enquête immédiatement ouverte, il ressortit que l’accident était dû à l’explosion d’un sac de poudre de chasse transporté par un voyageur monté à la gare de la Terrasse. En effet, un voyageur qui fut d’ailleurs assez sérieusement brûlé aurait entendu un autre voyageur déclarer à son voisin : « Tu es fou d’avoir amené cette poudre avec toi ». À cette époque, la poudre de chasse était contingentée, de cette restriction était né un trafic clandestin notamment avec l’Italie. Le propriétaire du colis, cause de la catastrophe, est décédé dans l’accident.
Mais cet effroyable accident aurait pu prendre l’allure d’une terrifiante catastrophe si plusieurs circonstances fortuites n’en avaient pas heureusement atténué les circonstances.
L’incendie du wagon se produisit en effet à deux cents mètres environ de la gare de Villars c’est-à-dire à un moment où le train ralentissait fortement pour s’arrêter. Les voyageurs qui sautèrent du train purent donc le faire sans risquer une mort certaine. Autre point, l’incendie se produisit dans le wagon de tête. Le mécanicien s’aperçut donc du sinistre tout de suite avant même que le signal d’alarme ne fonctionne. De plus le train venant de Roanne et se dirigeant vers Saint-Étienne venait de passer à la seconde même et il est fort à craindre que si l’incendie s’était déclaré dans les derniers wagons, les voyageurs n’auraient pu sauter du coté droit sur la voie en raison du passage du train allant vers Saint-Étienne. Enfin les secours purent ainsi être portés rapidement ce qui empêcha l’extension du sinistre.
Les usagers pointèrent quant à eux du doigt « l’incurie de l’administration stéphanoise des chemins de fer », dénonçant le fait que « les wagons étaient bondés, un wagon ayant même été retiré ce jour-là ». Et les rescapés de témoigner : « l’incendie s’est déclaré dans un wagon chargé au double de sa contenance. Cet entassement a été générateur de catastrophe ». Tous s’indignèrent également « du très mauvais état du matériel », ajoutant que « le signal d’alarme ne fonctionnait pas et les portières ne s’ouvrant qu’après maints efforts ».
LA LISTE DES VICTIMES
Trois cadavres dans le train :
1- Marie Louis Claude de Mijolla, 61 ans, ancien notaire de la Fouillouse.
2- Marie Antoinette Soleil, 25 ans, employée SNCF de Veauche.
3- Jean Baptiste Mottet, 28 ans de Montrond, maçon.
Morts des suites de leurs blessures à l’hôpital de Bellevue :
4- Joseph Hector Dumoncept, 67 ans, de Montchal.
5- Antoine Rey 42 ans, Saint-Etienne.
6- Paul Étienne Faverjon, de Veauche cité Saint Laurent.
7- Charles Lutz, 60 ans, de Saint-Galmier).
8 -Jean Tremblay, 24 ans, de Pommiers.
Blessés transportés au pavillon d’urgence :
Fernand Poulard, 17 ans, de Montrond.
Georges Thollot, 19 ans, de Saint-Médard (1929-1997).
Jacques Beilloux (ou Belliot), 25 ans, de Cuzieu.
Joannès Barjon, 50 ans, de Saint-Galmier (1897-1951).
Louis Teyssier, 18 ans, de Saint-Galmier.
Jean Lassablière, 32 ans, de Veauche.
Mme Sève de Saint-Just-sur-Loire.
Blessés transportés à l’hôpital de Bellevue :
Alexis Brun, 44 ans, de Veauche.
Antoine Chanavas, 41 ans, de Veauche.
Alexandre Giry, 33 ans, horticulteur à Veauche.
Dominique Téolis, 15 ans, de Veauche (1933-2018).
André Raymondon, 34 ans, de Montrond.
Fernand Beautrix, 58 ans, de Feurs (1889-1972).
Claude Vassoille, 50 ans, de Pommiers (1898-1979).
Gabrielle Chabanel, 17 ans, de La Fouillouse.
Claude Monat, 48 ans, de Saint-Georges de Barroilles (1919-1966).
Blessés transportés à la clinique mutualiste :
Roche de Saint-Étienne.
Lyonnet de La Fouillouse.
Sources : archives départementales, presse ancienne, état civil, INSEE.
©H&P-Pierre THIOLIÈRE