1808 : Quand le Préfet voulait faire voter un impôt pour la seule chèvre de Villars !
Pour préserver plantations et récoles, un arrêté préfectoral entend lutter contre la prolifération des chèvres en établissant un impôt spécifique. Le conseil municipal présidé par Jean Baptiste Ravel ne dénombrant qu’une seule chèvre sur le territoire communal y renonce.
Étonnante délibération que celle évoquée en séance du conseil municipal le 24 février 1808. Jean Baptiste Ravel vient tout juste d’être désigné par le Préfet comme maire de la commune.
Jusqu’à la Révolution, il était seigneur de Montravel et de la Terrasse. Il avait été arrêté et écroué comme conspirateur en novembre 1793 à une époque où la guillotine raccourcissait bien facilement la durée de vie des ci-devant. Finalement acquitté en 1794, il sera notamment invité à verser de généreuses (et obligatoires) contributions pour venir en aide aux indigents de la commune et aux défenseurs de la Patrie. Dès lors il retrouvera pleines possessions de ses biens.
Outre Jean Baptiste Ravel, en février 1808 siègent au conseil municipal Étienne Flachier, Mathieu Palle (cultivateur), Jean Verniette (maçon à Curnieux), Jean Verrier (armurier), Antoine Merley (dit Basson), Jean Baptiste Palle, Jean Gidrol (cultivateur), Jacques Faure et Michel Tronchon (armurier, adjoint de Saint-Priest, nommé par le Préfet).
Ils débattent alors d’un arrêté préfectoral concernant les mesures de police qu’il convient d’appliquer pour lutter contre les méfaits causés par. les chèvres. Car il s’agit de préserver plantations et récoltes « contre ces animaux destructeurs » que le représentant de l’Empire souhaiterait « oir bannis du département ». Pour cela le Préfet demande aux communes de mettre en place un barème d’amendes et d’impôts sur les chèvres.
Le maire et les élus de Villars envisagent le problème sous un autre angle. Car si cette mesure concerne tout le département, elle ne semble pas bien adaptée à Villars. D’une part Jean Baptiste Ravel souhaite embaucher un garde-champêtre qui pourrait se charger d’une telle surveillance. Mais à ce jour « il n’a pu trouver personne qui lui parût mériter sa pleine confiance et celle du conseil ».
Les édiles locaux réfléchissent ensuite « si pour opérer la réduction du nombre de chèvres il convenait d’établir un impôt sur ces animaux et dans le cas de l’affirmative à en fixer la quotité et à déterminer le mode de recouvrement ».
Mais un recensement effectué sur le territoire communal a démontré « qu’il n’existe qu’une seule chèvre dans la commune et le particulier à qui elle appartient après avoir pris lecture de l’arrêté de Mr le Préfet est venu dire qu’il la vendrait de suite ».
À défaut de chèvre à taxer, le conseil municipal s’est donc finalement résigné à ne fixer ni impôt ni amende !
Particularité administrative à souligner, en 1808 Jean Baptiste Ravel (dont la famille est originaire de Saint-Didier-en-Velay) cumule les fonctions de maire des deux communes de Villars et de Saint-Priest-en-Jarez, l’ancien premier édile de Saint-Priest dénommé Michel Tronchon (l’ainé) devenant son premier adjoint et gérant l’état civil de sa commune. Cette particularité perdurera jusqu’en août 1815 sans qu’on en connaisse réellement la raison.
Sources : délibérations du conseil municipal.
©H&P-Pierre THIOLIÈRE