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Antoine Béraud

Antoine Béraud bienfaiteur de la commune

Le 18 janvier 1917 en fin de journée, alors que la Grande-Guerre apportait déjà chaque jour son lot de misères et de mauvaises nouvelles, décédait de mort violente Antoine BERAUD à son domicile rue Danton.
Né le 2 juin 1850 à Villars fils de Jean Marie BERAUD (alors boulanger au bourg) et de Madeleine DELOBRE, il était âgé de 67 ans et vivait seul depuis le décès en avril 1916 de son épouse née Jeanne JULLION.

Avant de mettre fin à ses jours d’un coup de révolver, l’homme avait mis de l’ordre dans ses affaires. Antoine BERAUD vivait de ses rentes et il avait plutôt bien réussi dans la vie.
Il était indéniablement une personnalité locale, descendant d’une ancienne famille villardaire connue et estimée. Son grand-père Claude BERAUD (1770-1832) armurier de métier a été un élu local très impliqué durant toute la période napoléonienne puis lors de la Restauration, faisant même fonction de maire de Villars de 1817 à 1820.

Sans descendance directe, Antoine BERAUD fait alors don par testament à la commune de sa résidence et de tout un pâté de maisons situé rue Danton dont il était propriétaire. Un bel ensemble (estimé à 53 000 francs de l’époque) qui générait alors un revenu annuel locatif de 2500 francs.
Les lois en matière de succession n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Pendant les années 1917, 1918 et 1919, ce legs fut l’objet de nombreux débats, avec notamment plusieurs réclamations de la part des parents du défunt (neveux et soeur), avec même une intervention nécessaire du Ministère de l’Intérieur. Le sujet est ainsi revenu régulièrement sur la table du conseil municipal.
Il fallut d’abord répondre aux demandes des héritiers, ses neveux (famille DAVID) demeurant à Villars réclamant chacun la somme de 2000 francs sur le montant du dit legs.
La soeur du défunt (âgée de 80 ans) déposa également une réclamation et le Conseil municipal finit par lui octroyer une pension viagère de 300 francs « ceci à titre gracieux car l’intéressée n’est pas dans le besoin ». Mais finalement la commune put prendre possession de l’ensemble de ces tènements immobiliers.

On lui doit l'éclairage de la route du Bois-Monzil.

S’il fait preuve de générosité, Antoine BERAUD va cependant préciser quelques exigences : « Ces immeubles ne pourront être vendus en totalité ou en partie pendant un délai de cinquante ans au moins après mon décès ». Ce sera le cas puisqu’en 1967, sous le mandat de Georges GILLIER, on trouve effectivement trace de la volonté de la Municipalité de procéder à la vente de ces bâtiments. Il faudra encore attendre le début des années 80 pour procéder à la démolition des plus anciens.

Dans son testament, M. BERAUD demandait également « que les premiers intérêts soient employés à acheter une horloge à deux cadrans destinée à remplacer celle existant alors au clocher et éclairée par deux lampes électriques, que les intérêts restant servent à éclairer la commune au moyen de lampes supplémentaires ». En 1921, profitant de travaux de consolidation, la Municipalité fera finalement installer non pas deux, mais quatre cadrans éclairés à l’électricité dans le clocher de l’église. On pourra ainsi voir l’heure de tous les côtés.

Le journal « La Tribune » de l’époque fait état « d’un beau geste » précisant que le défunt « a légué une partie de sa fortune afin d’aider à la réalisation de diverses améliorations dans la commune, entre autres l’éclairage de la route du Bois-Monzil à Villars, mesure réclamée depuis si longtemps par la population ».
En octobre 1919, un petit article paru dans le journal local annonce : « Bonne nouvelle ! Nous apprenons avec un vif plaisir que des becs électriques vont être installés dans nos rues. Ce projet depuis si longtemps à l’ordre du jour va enfin recevoir son application. Mais pour que notre satisfaction soit complète, qu’on nous permette de formuler le voeu suivant : que les lampes dont on va nous doter soit des lampes qui éclairent ! Car les quelques-unes que nous possédons depuis longtemps déjà ne font guère qu’acte de présence » !

La commune s'engage à fleurir sa tombe durant 100 ans !

Précision plus singulière il était également exigé dans son testament que la commune entretienne sa tombe, y fasse graver son nom et y dépose un bouquet deux fois par an, à la Toussaint et au 14 juillet, pendant un siècle environ à dater du décès. Une tradition qui est tombée dans l’oubli au fil des ans.
L’usure du temps a même eu raison de l’épitaphe inscrite sur sa pierre tombale située dans la partie ancienne du cimetière. On peut à peine y déchiffrer la phase suivante : « bienfaiteur de la commune ». De même il ne reste plus aujourd’hui de photo connue d’Antoine BERAUD qui permettrait de mettre un visage sur le nom de ce généreux bienfaiteur de la commune.

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