
C’est un nom aujourd’hui oublié à Villars. Et pourtant Pierre GAUTHIER-DUMONT fut il y a 100 ans reconnu bienfaiteur de la commune, une rue de Villars ayant même brièvement porté son nom. Voici l’histoire de ce philanthrope méritant.
Pierre, fils de Pierre GAUTHIER (négociant) et de Jeanne PEYRON, est né à Saint-Étienne le 24 janvier 1841. Il est mort dans cette même ville le 22 décembre 1917. Il a épousé Catherine Jeanne Marie Anne DUMOND le 7 mai 1866 à Saint-Étienne et a accolé son nom au sien. Cependant, aujourd’hui le D terminal du nom de sa femme est devenu un T. Le couple n’a pas eu de descendance.
Pierre GAUTHIER était fabricant de rubans, président de la Croix rouge et, à sa mort durant la Grande Guerre, président d’honneur du comité stéphanois de secours aux blessés. Dès 1870 il a fait partie du Comité de la Croix rouge de Saint-Étienne, participant avec un zèle admirable à secourir les 500 militaires blessés hospitalisés à Saint-Étienne.
En 1890 il devint président de ce même Comité et durant 16 ans il a veillé à l’organisation des hôpitaux. En 1906, souffrant d’une maladie de coeur, il dut donner sa démission et accepta la présidence d’honneur.
Des legs à Saint-Étienne et à Villars.
Les deuils successifs, dont celui de son épouse en 1913, ébranlèrent un peu plus sa santé. Lorsque la guerre de 14-18 éclata, ne pouvant s’occuper lui-même des hôpitaux, il ouvrit largement sa bourse. Venir dans les hôpitaux et discuter avec les soldats furent ses dernières joies. Il semblait revivre. Hélas, un mal soudain le terrassa, l’enlevant à l’affection de sa famille et de ses amis.
Ce généreux mécène et bon chrétien fit trois legs à son décès : un immeuble place Marengo (au numéro 13 place Jean Jaurès) qui revint aux Hospices civils, une rente de 5 000 francs par an à la ville de Saint-Étienne pendant 60 ans pour l’achat d’oeuvres d’art par le musée car il était amateur d’art. Enfin il légua à la commune de Villars la ferme CHAPELON d’un revenu annuel de 2 400 francs située entre Villars et Saint-Genest-Lerpt (les quartiers de Merley et la Boutonne n’ont été rattachés à la commune de Villars qu’en 1952). La ferme concernée fut vendue aux enchères publiques, la loi ne permettant pas à la commune de conserver ce bien en l’état.
Le produit de la vente des terrains et immeubles revenant à la commune de Villars s’élevait à la somme de 60 000 francs, montant placé en rente sur l’État au nom de la commune.
Dans son testament, M. GAUTHIER demandait en contre partie que l’église de Villars resta à la disposition du culte catholique romain et que les premiers 1 500 francs de revenus servent à payer l’abonnement des eaux de Saint-Étienne, le solde de 900 francs devant être versé au bureau de bienfaisance de la commune. On retrouve trace jusqu’en 1940 du paiement de la redevance d’eau à la ville de Saint-Étienne grâce au legs GAUTHIER.
Battu aux élections municipales mais pas rancunier.
À Villars Pierre GAUTHIER avait été le fondateur vers 1877 de la fanfare et son généreux président pendant 28 ans, finançant notamment chaque année une sortie pour les musiciens de Villars.


Aux élections municipales de mai 1884 il a mené la liste du Comité indépendant qui sera battue à plate couture par la liste du Comité radical (républicains et laïcs) conduite par Louis AUBERT. Il ne retentera pas sa chance devant les électeurs locaux mais ne leur témoignera aucune rancune !
Il était propriétaire du joli manoir de Bourgeat à Villars (toujours existant), acheté aux enchères en 1860 par son oncle M. PEYRON (ancienne propriété de Claude COURT – maire de Villars de 1841 à 1843 qui avait fait faillite). En 1870 la dite propriété avait été agrandie avec une aile sud et la création d’un parc. Elle appartient toujours aux descendants de la famille.

Par délibération du 28 janvier 1945, le Conseil municipal (Comité de Libération) décida que la route de Bourgeat s’appellerait désormais rue Pierre GAUTHIER « en souvenir de ce grand bienfaiteur de la commune ». En 1947 fut remise en place la plaque rue GAUTHIER-DUMONT à l’Arsenal. Il n’en reste plus de trace aujourd’hui.
Une rue de Saint-Étienne porte son nom dans le quartier de Montplaisir. Ses funérailles eurent lieu à la cathédrale Saint-Charles. Pierre GAUTHIER est inhumé au cimetière du Crêt-de-Roc à Saint-Étienne. Le musée Jean Marie SOMET de Villars possède une collection de ses jolis rubans, un auto portrait et d’autres souvenirs.
