1923 : "Unis comme au front" les poilus créent leur association.
C’était il y a un siècle. Villars pleurait encore ses morts et les anciens combattants se mobilisaient pour défendre leurs droits et entretenir la mémoire des disparus.
1923, la France panse encore ses plaies après 4 années d’un sanglant conflit. À Villars les réfugiés de la Grande Guerre sont toujours là dans l’attente de pouvoir regagner leurs habitations du Nord et du Pas-de-Calais dévastées par les combats. De 1914 à 1918, Villars a accueilli plus de 450 réfugiés.
C’est aussi le temps du retour des corps, rapatriés du front. Depuis deux ans, de sinistres convois arrivent jusqu’à la gare de Chateaucreux puis dans les communes concernées. Jean Marie Berthet (mineur, de la rue du Breuil), mortellement blessé dans la Somme en octobre 1914 vient enfin d’être rendu aux siens.
Des monuments aux morts sont édifiés dans chaque ville et village pour rendre hommage au 1,3 million de soldats tombés pour la Patrie. À Villars l’édifice est inauguré en juillet 1922, 91 noms y figurent alors.
Un peu partout en France vont se créer des associations pour défendre les droits à pension des blessés, gazés et mutilés sans oublier les veuves de guerre et leurs enfants désormais pupilles de la nation. La tâche est immense.
L’association des Poilus de la Grande Guerre de Villars est ainsi fondée le 20 janvier 1923, son siège social est à l’Arsenal, maison de la commune et sa devise annonce fièrement : « Unis comme au front ». À sa création, l’association compte 163 membres actifs. Pierre Barrailler (passementier au Bois-Monzil) en est le président, Pierre Badinand (marchand de vin, rue de Curnieu) et Jean Claude Lachat (horticulteur à Bourgeat) les vice-présidents, Claude Deville (comptable, du Bois-Monzil) le secrétaire et Jean Pierre Souveton (de Curnieu) le trésorier.
Le 14 juillet 1923, en présence du Préfet de la Loire M. Ceccaldi, une imposante cérémonie devant le monument aux morts est l’occasion de remettre à l’Association des Poilus un drapeau tricolore, bordé de franges dorées, offert grâce à une souscription des mères de familles de la commune (drapeau aujourd’hui dans le bureau du maire). La fanfare des mineurs dirigée par Pierre Gabion joue une vibrante Marseillaise.
Le 11 novembre 1923, l’Association des Poilus célèbre avec solennité le 5è anniversaire de l’armistice avec un dépôt de gerbes au monument-tombeau (une crypte y rassemble les dépouilles d’une dizaine de soldats) suivi du banquet des Poilus à la salle d’asile. À cette occasion une statue en bronze représentant « la défense du drapeau » est remise au président Barrailler (bronze aujourd’hui au musée) et dans un excellent esprit de camaraderie, la soirée se prolonge fort tard.
Sources : archives départementales de la Loire / presse ancienne
©H&P-Pierre THIOLIÈRE
