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Pierrot Perrin, souvenirs de guerre

À l'école on chantait Maréchal nous voilà.

Pierrot Perrin évoque ses souvenirs d’enfance durant la guerre. C’était il y a 80 ans.
Au début de la guerre, c’était vive Pétain !

« Un jour Pétain était venu à Saint-Étienne en train. (1er mars 1941, il arrive de Roanne). Avec l’école maternelle on était allés à la gare le voir passer. La maitresse (Francine Dury) nous avait emmenés, on était toute une flopée. On était avec nos petits drapeaux tricolores et on chantait « Maréchal nous voilà ! ». J’ai vu le train passer, il ne s’est pas arrêté et je n’ai pas vu Pétain (rires). Je m’en rappelle bien. ll y avait des réfugiés de guerre à l’école. Il y avait un nommé Camphin, son père c’était quelqu’un ! (il deviendra député communiste du Nord). Ils étaient réfugiés à Villars avenue Hoche. Après la catastrophe de la Chana il est parti en coup de vent mais il est revenu après payer sa location à la propriétaire. »

Les Allemands venaient à Villars ?

« Ils venaient faire paitre leurs chevaux sur le pré de la vogue (le stade Paul Bert). J’allais leur chercher à boire avec le Canet Gil. Ils nous disaient « limonade ! deux ! » et ils nous donnaient des sous. Ils tapaient le carton. Mais beauseigne c’était déjà la débandade ! Ils montaient à Grouchy, le chef devant et l’autre derrière. Y en avait qui marchaient à coups de pied dans le cul. Tous les gens de la rue du Breuil étaient assis dans la rue devant la porte comme avant, on les regardait passer, ils ne nous disaient rien. Des fois ils faisaient des manouvres en montant sur Côte-Chaude, ils se battaient avec des balles à blanc.
Mais c’était aussi la guerre !
Quand il y avait des alertes et que la sirène sonnait, on partait se cacher au pont blanc (au Breuil en face de l’ancien garage Renault) ou à la fendue dans les galeries de mine (actuel centre social), là on était à l’abri. Mon père travaillait au dépôt, il faisait sa journée, il n’a jamais été embêté. En 44 il est parti au maquis avec d’autres de Villars. On habitait rue du Breuil. Il se menait tout un trafic là ! Nous les gamins on s’amusait. Mon oncle Thévenet était coiffeur rue du Breuil. Un jour la Gestapo (en réalité la Milice) est arrivée pour l’arrêter, des gars avec des mitraillettes. Ils avaient été vendus. Sans le faire exprès j’avais coincé la table contre la porte d’entrée. Mon oncle a eu le temps de sauter par la fenêtre pour s’échapper. Ma tante Maria a été embarquée, elle a été relâchée 15 jours après, c’était la fin, le vent avait tourné. Mon cousin Jean Fargier qui n’aurait pas dû partir a été tué lors de la traversée du Rhin en 1945. »

Bon sang ne saurait mentir.

Photo : Pierre PERRIN et son grand-père Pierre PERRIN

Né en 1935 à Villars, Pierre Perrin habite au Marthourey. Il a effectué l’essentiel de sa carrière aux Ets Paret Forges, comme son épouse Ninie. Il est le descendant d’une lignée particulièrement impliquée dans la vie municipale. Son père Lucien (1907-1956) mineur, a rejoint les FFI au maquis à Baracuchet en 1944. Militant au PC et à la CGT, il a été élu de 1945 à 1947 dans la municipalité de François Binet sur la liste républicaine, antifasciste et de résistance. Il a longtemps été dirigeant du Sou des écoles.
Son oncle Jean Perrin bleuet de la classe 1917 est mort pour la France au combat dans les Ardennes en octobre 1918, il avait 21 ans.
Son grand-père Pierre Perrin (1864-1933), maçon aux Mines, a longtemps siégé au conseil municipal, étant plusieurs fois adjoint, refusant même le poste de maire en 1914. Il a notamment été président du Sou des écoles, du Cercle de l’Union des Travailleurs, président de la société coopérative de Villars, administrateur de la société de secours mutuel.

Pierrot PERRIN est décédé à l’âge de 87 ans et il y avait foule ce lundi 19 septembre 2022 au cimetière de Villars pour lui rendre un dernier hommage car l’homme était connu et apprécié, même s’il a toujours adopté dans sa conduite une certaine discrétion.
Son nom est intimement lié à Villars. Il y est né, il y a travaillé, il s’y est marié et il y est décédé. C’est dire son attachement fort à sa commune.
Pierrot était le dernier témoin d’une époque aujourd’hui révolue. Celle de la mine et de la passementerie, bien avant la construction des grands ensembles.
Il aimait venir au musée, regarder les photos de ce passé qu’il a connu. Il avait la mémoire des noms et des anecdotes. Il a ainsi beaucoup raconté, contribuant à compléter des recherches historiques locales. Un vrai livre d’histoire qui vient de se refermer.

Né en 1935 à Villars, Pierrot PERRIN habitait au Marthourey. Celui qu’on appelait affectueusement « Belu » avait effectué l’essentiel de sa carrière aux Ets Paret Forges à Villars, comme son épouse Ninie avec qui il formait un couple soudé et complice. Il était le descendant d’une lignée familiale particulièrement investie dans la vie municipale.
Son père Lucien (1907-1956) mineur, a rejoint les FFI au maquis à Baracuchet en 1944. Militant au PC et à la CGT, il a été élu de 1945 à 1947 dans la municipalité de François BINET sur la liste républicaine, antifasciste et de résistance. Il a longtemps été dirigeant du Sou des écoles.
Son oncle Jean PERRIN bleuet de la classe 1917 est mort pour la France au combat dans les Ardennes en octobre 1918, il avait 21 ans.
Son grand-père Pierre PERRIN (1864-1933), maçon aux Mines, a longtemps siégé au conseil municipal, étant plusieurs fois adjoint, refusant même le poste de maire en 1914. Il a notamment été président du Sou des écoles, du Cercle de l’Union des Travailleurs, président de la société coopérative de Villars, administrateur de la société de secours mutuel.
Bon sang ne saurait mentir, il aura lui aussi, par ses précieux témoignages, laissé une trace indéfectible dans l’histoire locale et il gardera une place particulière dans la mémoire de ses nombreux amis Villardaires.

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