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1850 coup de grisou à la fendue Villars

Une tragédie dans les galeries du puits Beaunier

Le mercredi 3 juillet 1850 à 15 heures, lors du percement d’une nouvelle galerie au puits Beaunier, la flamme d’une lampe embrase une poche de gaz qui brûle mortellement cinq ouvriers mineurs.
Le grisou à lui seul a causé la mort de 121 mineurs villardaires. C’est en tous les cas le triste décompte qu’ont fait à ce jour les historiens du musée de Villars. Les catastrophes les plus connues sont celles de la Chana en 1942 (65 morts) et celle du puits Beaunier en 1867 (39 morts).

Une galerie funeste dans la 8ᵉ couche de Villars

On évoquera aujourd’hui un accident plus ancien puisque datant du mercredi 3 juillet 1850 et survenu vers 15 heures dans la 8ᵉ couche de la fendue de Villars. On y accédait par une galerie creusée en lieu et place de l’actuel centre social qui a été le théâtre de bien des drames.
Ce jour-là, trente mineurs étaient au fond dont un petit groupe dans une remontée en cours de percement. C’est là que le gaz délétère a fini par s’accumuler. Les circonstances de l’accident sont des suppositions, faute de témoin vivant pouvant raconter. Selon l’enquête, la cause de l’inflammation du gaz serait due à la flamme d’une lampe et ce malgré le treillis de protection. La lampe serait soit tombée à terre, soit était posée sur le sol dans une position fortement inclinée.

Le récit tragique dans « L'Avenir républicain »

Le journal « l’Avenir républicain » du 7 juillet donne sa version de ce fait divers :
« Cinq ouvriers étaient occupés au percement d’une galerie. Ils s’étaient aperçus que le grisou remplissait leur chantier et craignant un accident, ils se disposaient à quitter la mine quand le gaz s’enflamma tout à coup. Aux cris poussés par ces malheureux enveloppés de flammes, quelques ouvriers et l’ingénieur accoururent et parvinrent, dès que le gaz fut éteint, à amener les blessés dans une galerie voisine. Mais il était trop tard. L’un d’eux était mort sur place. Les quatre autres furent vainement transportés dans divers domiciles où ils reçurent des secours. Tous les soins ont été inutiles. Les malheureux ont succombé tous les quatre le lendemain. Deux d’entre eux laissent chacun quatre enfants en bas âge ».

Les victimes et les héros d'un drame humain

Après recherches, on sait que l’ingénieur se nommait Étienne Edouard et qu’il était âgé de 28 ans. Son commis était Jean Bruyère (38 ans). Quant aux victimes, elles ont toutes pu être identifiées.

  • Antoine Rigaud (piqueur, âgé de 20 ans) est mort brûlé dans la galerie.
  • Pierre Teyssot (boiseur, 47 ans, 6 enfants) décède le lendemain matin à 7 h.
  • Pierre Palle (gouverneur, 36 ans, 5 enfants, de la Feuilletière) rend l’âme à 16 h (chez Berthet au Bois-Monzil).
  • Pierre Montélimard (chargeur, 25 ans, de Bourgeat) s’éteint à 22 h au domicile de M. Édouard l’ingénieur des mines où il avait été transporté.
  • Enfin, Jean Berthet (41 ans, 4 enfants) meurt aussi des suites de ses blessures le samedi 6 à 5 h du matin au domicile de ses parents au Bois-Monzil.

Rapport d'accident

3 juillet 1850, fendue de Villars, 8è couche, 5 ouvriers tués, brulés.
Ouvriers au fond : 88. Production annuelle de la mine : 31 100 tonnes.
Cause de l’accumulation du gaz : Dégagement subit de grisou dans une remontée en percement.
Cause de l’inflammation du gaz : Passage de la flamme hors du treillis d’une lampe de sureté tombée à terre ou posée sur le sol dans une position fortement inclinée.

Circonstances de l’accident : On perçait une remontée dans le 3è niveau de fond de la fendue de Villars ; le percement commencé par les deux bouts, était continué en remontant. Après une explosion de grisou dont les circonstances sont restées inconnues, on rentra immédiatement dans les travaux et on trouva les cinq ouvriers qui travaillaient au percement dans la partie supérieure de la remontée où ils étaient probablement allés étayer le chantier ; l’un d’eux était mort, les quatre autres grièvement blessés succombèrent aux suites de leurs brulures.

Remarques particulières

Quelques lampes ont été brisées, mais aucun éboulement ne s’est produit et aucun cadre n’a été arraché. Les bois étaient noircis. On a supposé qu’un dégagement subit de gaz avait fait fuir les ouvriers et qu’une de leurs lampes était tombée ou avait été posée à terre dans une position inclinée. Les causes de cet accident sont restées obscures, l’état des blessés n’ayant pas permis de les interroger.
À noter que les parents du jeune Antoine Rigaud saisirent les tribunaux en demande de dommages-intérêts, considérant qu’il était connu que la mine était grisouteuse et dangereuse et que la Compagnie n’avait pris aucune mesure de précaution, notamment de ventilation des galeries. Le tribunal, considérant que l’accident ne pouvait être imputé à aucun fait ni aucune faute de la Compagnie, débouta les plaignants, les condamnant aux dépends.
Les parents Rigaud firent appel de cette décision, obtenant cette fois gain de cause, la Compagnie étant reconnue coupable de négligence et à ce titre devant verser une pension annuelle et viagère aux époux Rigaud. Rien ne précise dans les attendus de ce jugement si les familles des quatre autres victimes ont bénéficié de la même mesure.

Sources : état civil, presse ancienne, Gallica bnf
©H&P-Pierre THIOLIÈRE

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