Terrible malchance pour ce jeune homme de 20 ans qui tombe et se noie dans le puisard à la Chana alors qu’il remontait à la surface au terme du poste de nuit. C’était le 2 décembre 1887.
Claude Favier a vu le jour à Beauzac le 21 juin 1867 dans une famille de cultivateurs qui s’établit ensuite à Bas-en-Basset. Comme son père, il va d’abord travailler la terre, près des bords de la Loire. Mais durant l’hiver il fait comme nombre de ses camarades et va louer ses bras pour oeuvrer à la mine. On lui a parlé de Villars où il vient s’installer au bourg. Et au puits de la Chana on embauche. Il ne connaît rien à ce métier, mais qu’importe, il apprendra sur le tas. Il va débuter comme remblayeur, une tâche plutôt simple, mais physique.
Il embauche ainsi avec le poste de nuit le jeudi 1er décembre 1887 au soir. C’est à l’heure de la remontée, le vendredi 2 à 5 heures du matin que le drame se produit. Dans la pénombre, les mineurs approchent de la recette du fond où ils vont utiliser l’ascenseur qui les remontera à la surface. Il faut à cet endroit contourner la cage qui se prolonge par un puisard profond de 18 mètres et qui se remplit régulièrement d’eau. Une chaîne de sécurité est sensée en interdire l’accès. Mais les mineurs ont aussi descendu des madriers en bois, stockés ici, si bien que la chaîne est ôtée.
Claude Favier avance donc tout droit, enjambe les pièces de bois et chute dans le puisard. Ses camarades n’ont pas le temps de le retenir. Penchés au-dessus du trou noir, ils n’entendent aucun bruit ni ne reçoivent aucune réponse à leurs appels.
On fait donc descendre la cage dans le puisard, puis une benne servant aux réparations. Paul Fayol se porte volontaire pour faire des recherches. Au bout d’une demi-heure il repêche le corps du malheureux Favier que l’on remonte à la surface. Le docteur Dujol l’examine : il ne porte aucune blessure. On découvre alors que Favier avait accroché à son cou un sac de 8 kilos de charbon qu’il espérait remonter à la surface pour ses besoins personnels. Ce lest supplémentaire a probablement causé la noyade.
« Le malheureux Favier n’avait jamais été employé dans les mines, c’était sa première journée de travail au puits de la Chana » souligne le rapport officiel.
« L’accident a eu pour cause l’inattention de la victime. Si novice que fut le remblayeur Favier, il savait certainement que la circulation dans les galeries comporte toujours certains dangers. À défaut d’un compagnon officiellement désigné par le gouverneur et chargé de prévenir tout accident, Favier aurait dû se joindre à un de ses camarades et se laisser guider par lui » conclut froidement l’ingénieur des mines Primat.

Sources : archives départementales de la Loire / mine / rapport d’accident ; état civil.
©H&P-Pierre THIOLIÈRE