Les palefreniers de Villars vers 1910
Cette photo de la collection du musée Jean Marie Somet n’est ni datée ni localisée. Elle est simplement légendée « les palefreniers de la Division Villars ». Une dénomination qu’il faut comprendre ici au sens large. On voit que le personnel de la Compagnie des Mines de la Loire prend spécifiquement la pause, chacun portant les attributs de son métier. Les palefreniers qui étaient en charge du soin des chevaux tiennent leur brosse d’étrillage en main. On reconnait également sur ce cliché le bourrelier avec le collier de trait, ou encore les « toucheurs » avec leur petit fouet pour guider les chevaux. Il fallait aussi compter sur les services réguliers du maréchal-ferrant.
Les chevaux étaient utilisés pour tirer les bennes de charbon, tant en surface qu’au fond. Ils étaient choisis pour leur robustesse et leur docilité. Nous n’avons malheureusement pas retrouvé trace du nombre de chevaux utilisés sur la concession locale.
À Villars, le charbon extrait par les fendues était ensuite acheminé en petits convois jusqu’à la recette (avenue de l’Industrie de nos jours) où il était trié, calibré et transformé en briquettes avant d’être expédié.
De la rue du Marthourey (depuis l’actuel centre social) à l’avenue de l’Industrie en passant par l’avenue Hoche et une partie de la rue du 8 mai, un petit chemin de fer traversait ainsi la commune, les chevaux servant à la traction des wagonnets de charbon. Déjà peu avant la Grande-Guerre, les locomotives ont commencé à remplacer la traction animale. Quelques cartes postales anciennes de la commune en attestent.
Après quelques recherches, on peut affirmer que ce cliché a été pris dans la cour de l’actuel musée de la mine, rue du puits Gallois. La grande salle de l’actuel musée était, il y a 100 ans (et plus), dévolue aux soins des chevaux.
Pour être précis, à l’époque deux bâtiments (construits vers 1860-1870) sensiblement identiques (il n’en reste qu’un, celui du musée, l’autre ayant démoli vers 1965) formaient un vaste quadrilatère avec cour intérieure, l’ensemble appartenant à la Compagnie des Mines qui y logeait une partie de son personnel dont ses palefreniers. En 1911 six familles y habitent (soit 23 habitants), des employés (en charge essentiellement de travaux administratifs), un palefrenier, un lampiste et le garde.
Aux deux recensements de 1906 et de 1911 qui correspondent sensiblement à la période de cette prise de vue (vers 1908-1910) on trouve trace de quelques-uns des habitants de ce lieu dénommé à l’époque « les Fontaines ».
Au recensement de 1906 les palefreniers suivants sont identifiés :
André Aubert (né en 1879 à Villars) habite aux Fontaines, maison de la Compagnie.
Jean Baptiste Meiller (né en 1851 à Saint-Héand) habite le château des Mines (actuelle mairie) avec son épouse Marie Pitaval.
Antoine Missonnier (né en 1846 à Ambert), habite rue de la République avec son épouse Marie Pradat.
Jean Baptiste Rolly (né en 1870 à Saint-Just-Malmont), habite à Michard avec son épouse Claudine Villemagne et son fils.
François Defour est le maréchal-ferrant.
Au recensement de 1911 :
Aux Fontaines (maison de la Compagnie) réside André Aubert (né en 1879 à Villars) avec son épouse Marie et ses enfants.
Jean Relave (né en 1861 à Veauchette) habite le château des Mines (actuelle mairie) avec son épouse Marie Mallet et son fils François (ce dernier né en 1894, mineur, il sera tué dans la Forêt d’Argonne en 1915).
Antoine Berger (né en 1866 à Saint-Priest-en-Jarez) habite quant à lui rue de Curnieux avec son épouse Marie.
François Defour (né 1868 à Villars) habite rue de la République avec son épouse Marie et son fils, il est maréchal-ferrant pour la Compagnie des Mines de la Loire.
Sources : photo musée Jean Marie Somet, état civil, recensement de population.
©H&P-Pierre THIOLIÈRE