
Les frères Forissier furent victimes d’un accident en octobre 1704. Il prouve donc qu’à cette date on extrayait déjà du charbon à Villars. Deux frères, laboureurs de leur état, en ont été les premières victimes connues.
Il n’y a pas trace précise du début de l’exploitation minière à Villars. On sait par différentes évocations qu’à l’époque de la Révolution française les agriculteurs de la Doa, du Bois-Monzil et de la vallée des Joncs (actuel complexe sportif) se plaignaient de l’état du sous-sol, peu riche et où le charbon affleurait ce qui posait alors problème aux laboureurs. La période du 19è siècle est ensuite beaucoup mieux documentée sur la création des concessions minières et sur leur exploitation.
Grâce aux registres paroissiaux, on a par contre pu retrouver une preuve transcrite du premier décès connu et causé par un accident de mine à Villars. Ce drame s’est déroulé le jeudi 9 octobre 1704 dans une carrière de charbon, sans précision de lieu. Deux frères Claude et Pierre Forissier y ont laissé leur vie. On sait simplement la cause du décès : « un grand quartier de pierre les ayant écrasés tous les deux ». Ils ont été enterrés le lendemain, le 10 octobre dans le cimetière de la paroisse de Villars alors situé à l’Arsenal.
Des recherches plus approfondies ont apporté un éclairage complémentaire à ce triste fait divers. On sait d’abord qu’en octobre 1704 (sous le règne de Louis XIV), pour la première fois une ramberte (bateau à fond plat) assurait la descente de la Loire de Saint-Rambert à Roanne. Le charbon venait de trouver là un nouveau débouché. À Villars, Jean Mathevon, sieur de Curnieu, venait de s’éteindre à l’âge de 73 ans et a été enterré dans l’église (actuelle salle du conseil municipal). Son fils Louis, conseiller du Roy, lui a succédé.
On en sait aussi plus sur la famille des deux victimes. On en trouve la trace à Villars à partir de 1693 en provenance de Saint-Victor-sur-Loire où leurs parents sont décédés. Ils étaient ainsi quatre frères (Jacques, Pierre et deux Claude), tous laboureurs à Curnieu. Qu’est ce qui a amené Pierre (alors âgé de 35 ans) et Claude (41 ans) à creuser la terre pour en extraire le charbon ? Et à quel endroit précis s’est déroulé ce drame ? Le mystère demeure.
En analysant la généalogie familiale on constate que vers 1714, les frères Forissier ont ensuite quitté Curnieu pour s’installer dans la vallée à Cluzel commune de Saint-Genest-Lerpt tout en gardant des liens étroits avec Villars (on les retrouve plusieurs fois parrains lors des cérémonies de baptêmes).
Outre le curé Valour (qui a officié à Villars de 1689 à 1711), les témoins de la cérémonie d’enterrement des deux frères Forissier étaient Clément Pichon, Jean Jacob (fermier à Bourgeat), Mathieu Chovel (maitre armurier) et Mathieu Chenevier (forgeur).
Les quatre frères Forissier à Villars.

- Claude FORISSIER : né en 1663 à Saint-Just-sur-Loire, fils de feu Pierre et de Françoise VAUVE / VORON. Laboureur à Villars au Charlieu, feu de Marguerite GAUDIN, remarié en 1696 à Villars avec Catherine LEONARD / LEONNARD, veuve d’André FERIOL, 1 fils Pierre né en 1697 à Villars, 1 fils Claude né en 1699 à Villars, 1 fils Jacques né en 1702 à Villars. Décédé en 1704 à Villars suite à un accident de mine.
- Pierre FORISSIER : né en 1669 à Saint-Victor-sur-Loire (Chichivieux), fils de feu Pierre et de Françoise VAUVE / VORON. Laboureur à Curnieu, marié en 1699 à Villars avec Jeanne SANDRILLON / CENDRILLON (fille de Léonard maitre maçon), 1 fils Léonard né en 1701 à Villars, 1 fille Magdelaine née en 1703 à Villars. Décédé en 1704 à Villars suite à un accident de mine.
- Claude FORISSIER : né en 1672 à Saint-Victor-sur-Loire (Chichivieux), fils de feu Pierre et de Françoise VAUVE / VORON. Laboureur à Curnieu, marié en 1697 à Villars avec Jeanne FRECON / FREYCON / FRAYCON (fille de Claude et de Benoite DELORME), 1 fils Claude né en 1698 à Villars, 1 fils Pierre né en 1701 à Villars, 1 fille Benoite née en 1703 à Villars. Décédé en 1730 à Saint-Genest-Lerpt.
- Jacques FORISSIER : né en 1677 à Saint-Victor-sur-Loire, fils de feu Pierre et de Françoise VAUVE / VORON. Laboureur à Curnieu, marié en 1703 à Villars avec Françoise MARTORAY / MARTOREY (fille de feu André MARTORAY et de feue Louise CHAPOTTON), 12 enfants naitront de cette union. A partir de 1714 la famille de Jacques FORISSIER s’installe à Saint-Genest-Lerpt. Décédé en 1731 à Saint-Genest-Lerpt.
Sources : registres paroissiaux
©H&P-Pierre THIOLIÈRE