
Litige entre la paroisse et la Compagnie des mines à propos de la tribune de l'église.
La mairie et sa salle du conseil municipal ont toute une histoire. La première a été très longtemps la maison familiale des Mathevon de Curnieu. La seconde était la première église de la Paroisse (église Saint-André). Attenante à la demeure des notables de la commune, la légende racontait que le Seigneur de Curnieu pouvait assister à la messe d’une fenêtre de sa demeure.
Les archives paroissiales apportent du crédit et des précisions à cette histoire. En fait, à défaut de fenêtre, le château avait un accès direct et privatif depuis ses appartements jusqu’à la tribune de l’église qui lui était réservée. L’accès à cette tribune ne pouvait se faire que par cette ouverture. Et puis la Révolution est passée par là avec notamment l’abolition tous les privilèges concédés tels que ceux relatifs aux chapelles, tribunes, etc.
Néanmoins la Paroisse et son Conseil de Fabrique (chargé de la gestion de ses biens) ont longtemps encore conservé ce privilège aux descendants de la famille Mathevon, qui en contrepartie prenaient en charge l’entretien de l’église.

Le château est vendu.
En 1838 le château fut finalement vendu par le baron Mathevon de Curnieu à la Compagnie des Mines de Houille de Villars qui y établit ses bureaux. M.Gervoy, premier directeur, ne manqua pas de payer la rétribution annuelle, le montant fixé était alors de 25 francs.
Mais Gervoy était aussi le maire de la commune (de 1840 à 1841) et donc en charge de l’église. On comprend mieux son intérêt à faire payer la compagnie des Mines pour un édifice municipal. Mais après son remplacement en 1841 (il s’installe à Lyon où il est directeur des chemins de fer), les directeurs successifs refusèrent ensuite de bourse délier.
Dès lors le Conseil de Fabrique dénonça cette situation. Par délibération du 19 avril 1846, approuvée par l’Archevêché de Lyon ainsi que par le Conseil municipal, la Paroisse prit la décision de faire construire un escalier dans l’église pour accéder à la tribune et de faire murer la porte d’accès de la tribune au château. Et d’argumenter en considérant « qu’il est inconvenant et illégal que l’on ne puisse parvenir à la tribune de l’église qu’en entrant dans le château » et d’autre part « que l’indemnité versée pour l’accès à cette tribune était trop minime, qu’elle n’a pas été payée depuis plusieurs années et qu’elle a été refusée l’an dernier ». Le directeur de la Compagnie des Mines ne l’entendit pas de cette oreille, s’opposant à cette décision de construire un escalier et de faire murer la porte « avec menace d’employer la force ».
Le Sous-préfet s'en mêle.
La situation s’étant envenimée, le litige fut traité en Sous-préfecture le 11 décembre 1846 à Montbrison comme en témoigne le dossier n°243 opposant la Fabrique de l’église et la Compagnie des Mines « au sujet d’une tribune ». Le cabinet du Sous-préfet autorisa la Fabrique à poursuivre la Compagnie des Mines devant les tribunaux si celle ci n’obtempérait pas.
Mais en 1847 la Compagnie des Mines de Houille de Villars est rachetée par le trust des Mines de la Loire qui n’a que faire d’accéder à l’église. La situation se normalise et d’ailleurs après le déménagement de la petite église vers la nouvelle, la Compagnie finira par récupérer le bâtiment enclavé dans l’ensemble de sa propriété.