Les petits écoliers de la République
Une Marianne sous-titrée d’un verset de l’évangile : une surprenante association sur la façade de la salle de la Libération.
« Laissez venir à moi les petits enfants ». Les Villardaires observateurs n’auront pas manqué de remarquer que ce verset de l’évangile selon Saint-Luc figure en toutes lettres sur le fronton de la salle de la Libération. Et juste au-dessus trône le buste de Marianne. On pourrait donc plus logiquement s’attendre à voir figurer ici « Liberté, Egalité, Fraternité », la devise républicaine inscrite sur de nombreux édifices publics.
Alors pourquoi cette parole du Christ pour légender le symbole de la république française ? Il faut remonter loin dans le temps et chercher dans l’origine de ce bâtiment, devenu aujourd’hui salle des fêtes et des cérémonies, pour en comprendre la cause.
En juillet 1877, le conseil municipal que dirige alors Auguste Guitton (maire de Villars de 1875 à 1881) décide de lancer la construction d’une salle d’asile, lieu d’accueil des enfants de 2 à 6 ans avant leur entrée à l’école primaire. Ici on va les initier aux premières notions de lecture, d’écriture et de calcul et on leur inculquera également les premiers principes religieux. Cette salle d’asile entre en fonction en septembre 1878 et recevra la bénédiction de l’église.
Le maire Guitton est un fervent catholique et la direction de l’établissement sera donc confiée aux religieuses de Saint-Joseph (qui vivent dans un petit couvent situé à l’Arsenal). C’est donc une effigie du Christ qui va trouver sa place dans la niche spécialement aménagée sur la façade principale du bâtiment, avec une légende particulièrement appropriée : « Laissez venir à moi les petits enfants ».
Mais les élections municipales de 1881 vont clairement changer la tendance. Le nouveau maire Louis Aubert et son adjoint Pierre Bonnavion, sont de fervents républicains et défenseurs de l’école laïque. Ils procéderont en séance du conseil municipal du 11 février 1883 à la laïcisation de la salle d’asile. Les religieuses seront invitées à regagner leur couvent. Quant à la statue du Christ, elle sera remplacée par un buste de Marianne. Le sous-titre restera quant à lui d’actualité, l’école laïque et républicaine reprenant cet appel à son compte, le bâtiment (qui sera renommé salle de la Libération en 1944) devenant par la suite l’école maternelle. Plusieurs générations d’enfants de la commune sont passées par ici.
Photos : carte photo ancienne prêtée par Monique Cizeron, photos P. Thiolière
©H&P-Pierre THIOLIÈRE
Sources : délibérations du conseil municipal
©H&P-Pierre THIOLIÈRE