En un peu plus de 220 ans d’histoire, Villars a connu trois mairies différentes, toutes situées dans un proche rayon géographique dans le centre bourg.
La première mairie dans le presbytère (1808-1882).
On n’a hélas dans les archives municipales aucune trace de la période révolutionnaire. On ne parle alors pas de maire ni de conseiller municipal, mais d’agent municipal (nommé par le Préfet pour Villars) aidé d’un adjoint. On voit apparaitre le mot maire pour la première fois en 1800 à l’état civil à côté du nom de Pierre BEGON qui remplit cette fonction.
Existait-il alors un local spécifique dédié aux affaires communales ? Rien ne le prouve. Il semble même que les dossiers et autres liasses de documents ayant trait à l’état-civil étaient conservés chez l’agent municipal (le maire) qui remettait ensuite le tout à son successeur. On trouve en effet trace écrite de ces transmissions lors du passage de témoin entre Jean Baptiste BEGON et son successeur Jean Baptiste RAVEL en janvier 1808 (date des premières délibérations dont on trouve trace).
Les premières délibérations municipales de Villars consultables datent de 1808. En séance du conseil du 15 août 1808 le maire Jean Baptiste RAVEL (un ancien notable qui a épousé la cause révolutionnaire) propose « d’employer les économies des années précédentes à la réparation de la maison communale qui sert de presbytère afin d’y former une salle pour la tenue des séances de la mairie et du conseil ».
À côté de la grange du curé.
Le chantier semble d’importance même si la première mairie de Villars n’occupe pas beaucoup de place : une petite pièce au premier étage sur la droite du bâtiment. En tous les cas les travaux à faire sont méticuleusement détaillés et chiffrés. Il faut notamment ouvrir une porte au rez-de-chaussée, construire un escalier en pierre de 10 marches et élever un galandage pour faire la séparation avec la grange du curé. L’avantage de l’information c’est qu’on sait précisément localiser le presbytère qui existe encore. C’est aujourd’hui la salle municipale Gabriel PENOT et l’étage au-dessus.
Précisons qu’avec la Révolution, le presbytère est devenu bien national. Il semblerait que dans un premier temps ce bâtiment ait été racheté par Benoit SAUVAGE, prêtre assermenté. Et en janvier 1808, la cure a ensuite été rachetée par le maire Jean Baptiste BEGON « en faveur des habitants de Villars ». D’où l’appellation de maison communale qui sert aussi de presbytère (sa fonction initiale).
Le maire et le curé vont donc être voisins pendant plusieurs décennies !
Du presbytère à la nouvelle mairie (1882-1976).
Au fil des décennies, la population de Villars augmente régulièrement. En 1841 la commune compte 702 habitants et plus du double 20 ans plus tard (1525 habitants en 1861). La révolution industrielle grande dévoreuse d’énergie et notamment de charbon, nécessite de la main d’oeuvre. En 1876, la barre des deux mille habitants (2059 pour être précis) est franchie.
Les deux petites pièces dont dispose la mairie à côté du presbytère ne suffisent donc plus. D’autant que le voisinage avec les représentants cléricaux est parfois source de conflit ou de jalousie. On trouve ainsi trace en 1834 d’un accrochage entre l’instituteur public (qui fait office de secrétaire de mairie) et les religieuses de Saint-Joseph, puis en 1848 d’un conflit entre l’instituteur privé (secrétaire non breveté de mairie) et l’instituteur public.
Après la défaite de 1870 face à la Prusse et l’avènement de la Troisième République, les choses vont progressivement changer. Notamment avec les lois FERRY qui rendent l’instruction primaire obligatoire. Mais pour cela il faut bâtir des écoles publiques.
En octobre 1879, le conseil municipal (Auguste GUITTON, maire de la commune de 1875 à 1881) approuve l’acquisition auprès de la Compagnie des Mines de la Loire d’un terrain pour y édifier une école avec en plus des logements pour les instituteurs, une salle pour la mairie et même un pavillon pour le garde-champêtre (ce point sera finalement annulé) juste dans le prolongement de la salle d’asile récemment construite (la salle de la Libération actuelle).


Assez de place pour accueillir l'école des filles.
C’est finalement sous la Municipalité de Louis AUBERT (maire de 1881 à 1887) que l’école et la mairie vont sortir de terre. L’État apporte des aides aux communes pour construire des écoles, il faut donc en profiter. Comme d’autres villages, Villars entend avoir sa « mairie-école ».
Mais le projet va évoluer au fil des délibérations. Tant au niveau du prix, que de la configuration des locaux. On ne parle plus d’une salle pour la mairie mais d’un bâtiment spécifique contigu à l’école. Et le maire est malin car en réservant des espaces pour l’école dans la mairie, il peut bénéficier des subventions de l’État et il ne s’en prive pas. Le devis initial (école et mairie) était de 40 000 francs, le montant final sera de 50% plus cher. En décembre 1882 tout est terminé et en février 1883 est votée la pose d’une plaque sur la façade avec la mention : « République Française ; Liberté – Égalité – Fraternité ; Mairie de Villars ».
La mairie est à son aise dans ses nouveaux locaux mais dès le mois d’août 1883, après une nouvelle relance du Préfet sur ce sujet, il faut aussi prévoir une école laïque pour les filles. Elles sont jusque-là très mal logées dans l’ancienne église.
Le lieu pour cette nouvelle école est tout trouvé et immédiatement disponible : ce sera le rez-de-chaussée de la mairie suffisant pour les 76 élèves qui y feront leur rentrée scolaire en octobre. Ces demoiselles y resteront jusqu’en 1907 avec la construction d’une école spécifique.
Les PTT arrivent à Villars. Avec des effectifs en hausse régulière, l’école communale de filles se trouve à l’étroit au rez-de-chaussée de la nouvelle mairie. D’autant qu’en 1903 l’école privée qui n’est pas en règle avec la loi est fermée. La construction d’une école est donc décidée en 1905. Elle sera construite en parallèle et en contrebas de celle des garçons et elle sera inaugurée en grande pompe à la rentrée scolaire d’octobre 1907 avec cinq classes en service. La petite rue de la Coopérative s’en trouve prolongée et prend alors le nom de rue des Écoles.
Le rez-de-chaussée de la mairie est donc libre. Et la Mairie va pouvoir réactiver une ancienne demande : celle d’avoir enfin un bureau de poste à Villars. Car l’histoire ne date pas d’hier. Dès l’été 1880, le maire de l’époque Auguste GUITTON avait sollicité le Directeur des Postes à Saint-Étienne pour l’implantation d’une recette des Postes, faisant notamment valoir que « la commune de Villars est située sur la ligne de chemin de fer de Paris à Lyon par le Bourbonnais et que le paquet des dépêches serait déposé au passage du train ».
Un accord de principe est donné début 1881 par le Ministère des Postes et Télégraphes « à la condition que la commune fournisse un local convenable durant une période de dix-huit années ». Une dépense jugée impossible pour le maire, la Commune ne pouvant fournir ni le local ni le logement du titulaire.
Un télégraphe à la gare.
Les années passent et apportent leur lot de progrès. Faute de bureau de poste, la Commune souhaite l’installation d’un poste de télégraphie privée à la gare de Villars. La Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM) ne serait pas contre mais elle exige que la Mairie se charge du transport des dépêches. Mais l’état des finances de la Commune ne permet pas de créer ce service.
En 1896 le sujet revient sur la table du conseil municipal mais n’avance guère et en juin 1897 le maire Antoine PENOT rappelle la condition expresse que le port des télégrammes soit assuré par les employés de la compagnie Paris Lyon Méditerranée.
Le Préfet et l’Administration s’emparent du problème. À compter du 10 septembre 1897 la gare de Villars se trouve équipée d’un poste de télégraphie. Mais les messages qui y arrivent restent sur place. La Mairie accepte finalement de diligenter trois fois par jour et à horaire fixe (8h, 12h et 16h), le secrétaire de mairie Jean PLOTTON qui a ensuite la charge de porter à destination les télégrammes.

Le téléphone arrive !
En février 1900, le Conseil général de la Loire fait part à la commune de son projet de déployer un réseau téléphonique permettant de relier toutes les localités entre elles et même de joindre Paris, Lyon et Marseille ! Il faut pour cela installer une cabine téléphonique (coût estimé à 600 francs) et payer une indemnité au porteur des appels reçus. Mais la Municipalité (Antoine GRATALOUP maire) n’en voit pas bien l’utilité d’autant que la Compagnie des Mines de la Loire possède déjà sa propre ligne.
Deux ans plus tard (juin 1902) le conseil municipal émet le voeu de créer à Villars un bureau téléphonique dit municipal, relié à Saint-Étienne.
Il va falloir encore patienter 5 ans avant d’obtenir un accord de principe. Mais avant cela on demande à la commune (Jean Baptiste PARET est alors maire) d’assurer une partie de la prise en charge du loyer du local ou bien d’en mettre un à disposition. Photo ci-contre de 1971.
Un bureau de poste dans la mairie.
Enfin le 5 septembre 1908, la création d’un établissement de facteur receveur est validée par la Direction des Postes avec l’appui du député CHARPENTIER. Le bureau est mis en service le 16 janvier 1909 dans les locaux de la mairie laissés libres avec le déménagement de l’école de filles. La commune de Villars compte alors presque 2900 habitants.
La Poste restera dans ces locaux jusqu’à son déménagement en septembre 2003 suite à la démolition de l’ancien bâtiment. L’inauguration de la nouvelle agence postale a eu lieu le 5 juin 2004.
Septembre 2003 : la poste déménage, l'ancienne mairie démolie.
Avec la construction d’une nouvelle mairie mise en service fin 1882, la commune est donc propriétaire d’un nouveau bâtiment en plein centre-ville. De quoi accroitre encore plus son emprise foncière sur tout ce secteur avec d’un côté la salle d’asile (aujourd’hui salle de la Libération) construite en 1878, de l’autre l’école de garçons (construite comme la mairie en 1881-82), en dessous l’école de filles (construite en 1906 et 1907) et en face le vieux château des Mathevon puis des mines et finalement racheté par la commune.
Ce qui fait qu’à l’approche de l’an 2000, la Municipalité conduite par Hubert Pouquet a dû se pencher, par tranches successives, sur la réhabilitation des tous ces bâtiments anciens. Après la mairie (1997 et 1998) puis l’école du Bourg (2001-2002), c’est au tour de la poste d’être au centre des débats.
Car l’agence postale loue les locaux qu’elle occupe depuis 1909 dans l’ancienne mairie que la Municipalité souhaite désormais démolir. Même s’il a un indéniable cachet, le bâtiment est vétuste et difficile à rénover. De plus, depuis 1976, la mairie a déménagé dans l’ancien château des mines (et ancien château des Mathevon) qui a été réhabilité.


Le déménagement de la Poste : un parcours du combattant.
Depuis déjà plusieurs années le déménagement de la Poste est évoqué, il est même à deux doigts de se faire avec une installation prévue au rez-de-chaussée du nouvel immeuble le Champollion. Mais seuls les services sociaux s’y installeront. C’est finalement la mairie qui en ne renouvelant pas le bail locatif arrivé à expiration, va forcer la Poste à débloquer la situation.
La Municipalité construisant du neuf, la Poste va donc profiter de cette opportunité. Le bâtiment en projet sur l’ancien site de l’école communale de garçons va finalement avoir trois destinations distinctes. Il accueillera dans sa partie inférieure face à l’école le restaurant scolaire avec au-dessus la salle Julien Collange dévolue aux réunions et animations. Enfin la nouvelle poste occupera le reste de l’édifice.
Le déménagement entre l’ancien et le nouveau local s’est fait en seulement un jour et demi les 15 et 16 septembre 2003. Dès le lendemain les bulldozers entraient en fonction pour démolir l’ancien bâtiment âgé de 121 ans.
L’inauguration de l’ensemble a eu lieu le samedi 5 juin 2004. « Nous avions la plus moche et la plus vieille poste de toute la région. Et pour en construire une nouvelle, ce fut le parcours du combattant » a rappelé à cette occasion le maire Hubert Pouquet.
L'ancien château reconverti en mairie.
De quand date l’ancien château qui sert aujourd’hui de mairie ? On ne le sait pas précisément. Il est certain que la bâtisse était la résidence des Mathevon de Curnieu à la fin XVIIè siècle. Mais l’édifice qui a été agrandi (c’est encore visible de nos jours) et remanié est assurément plus ancien.
La suite de son histoire est mieux connue. Pour l’anecdote, en mars 1814, des soldats autrichiens sont venus ici procéder à des réquisitions.
En 1837 cette habitation a été rachetée à la famille Mathevon par la Compagnie des Mines de houille de Villars pour y installer ses bureaux. Dix ans plus tard, la petite compagnie de Villars est à son tour rachetée par le puissant trust des Mines de la Loire qui garde ici un solide ancrage.
Pendant presque un siècle le vieux château et les bâtiments alentours ont donc vécu au rythme de la mine. C’est là qu’a été vécue et gérée la catastrophe minière du puits Beaunier du 11 octobre 1867. Les corps des 40 victimes ont été entreposés dans les ateliers annexes. C’est là ensuite que le premier téléphone de la commune a été installé. C’est là aussi que durant la Grande Guerre, les nombreux réfugiés des régions envahies du Nord, du Pas-de-Calais et de Belgique ont trouvé de l’embauche.
En 1934, la commune de Villars rachète le château et son parc à la Société des Mines de la Loire qui n’en a plus l’usage. Les locaux sont réaménagés en dispensaire de soins pour la protection de l’enfance (installation 1935-36). Le dispensaire de soins se trouvait auparavant rue du Breuil. En 1936 dans le parc sont aussi construits des bains douches et des lavoirs. Ils y resteront tout juste quarante ans.
Trois mille habitants de plus.
En trente ans, de 1931 à 1962, la démographie locale évolue peu. Durant cette période on passe de 3061 à 3397 habitants. Mais avec le début des années 70, ce sont 3000 habitants de plus qui viennent en peu de temps s’installer dans les grands ensembles de l’Hippodrome puis de la Feuilletière. En 1975 la commune compte 6828 habitants. Et les équipements municipaux vont devoir suivre.
En 1969, le maire Louis BERNICHON a un projet pour le moins surprenant. Il veut transformer le centre-ville avec l’implantation d’un petit centre commercial dans le jardin public, juste face à l’église.
Dans ce projet, le château, la cure et l’ancienne église étaient quant à eux transformés en copropriétés. Ce ne sera finalement pas le cas. Priorité sera donnée au déménagement de la mairie qui a besoin de plus d’espace et qui va traverser simplement le jardin public pour s’installer dans l’ancien château qui appartient déjà à la commune.
La municipalité de l’époque (Louis BERNICHON décède en fonction en 1974, il est remplacé comme maire par son adjoint Fernand BOST jusqu’aux élections municipales de mars 1977) va allier le moderne à l’ancien en faisant construire un hall d’entrée accolé au château. Une journée portes ouvertes est proposée à la population locale le 26 février 1977 pour découvrir la nouvelle mairie.


Elle sera ensuite agrandie en deux tranches, en 1997 et 1998, en doublant de surface avec un nouvel espace d’accueil du public, des bureaux pour les services techniques et administratifs mais aussi pour les élus ainsi que des petites salles de réunion.
Le samedi 5 décembre 1998 l’extension de la mairie est inaugurée sous la neige en présence du préfet Jean Yves Audoin et de Pascal Clément président du conseil général. Et dans la foulée, le mercredi 9 décembre 1998 se tient la première séance du conseil municipal dans la nouvelle salle dévolue désormais à cet effet, en lieu et place de l’ancienne église.